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Sujet : Le nationalisme, revendication légitime ou danger ?
Lorsque le nationalisme a pris de l'importance, au XIXème et surtout au cours du Xxème siècle, il semblait justifié. En effet, le monde se caractérisait alors par la présence de quelques grands empires : domination des Empires coloniaux sur les peuples colonisés d'Afrique et d'Asie ; domination des Empires Ottomans et Austro-hongrois sur les peuples d'Europe centrale notamment. La plupart du temps, les droits de ces peuples étaient bafoués, et leur culture niée. Les colonisateurs imposaient leur langue, leur religion, leur économie aux colonisés. Ces derniers n'avaient d'ailleurs quasiment jamais accès aux postes de responsabilités, en particulier dans le domaine politique. Dans ce contexte, on comprend qu'aient pu émerger des mouvements nationalistes, revendiquant légitimement l'indépendance politique. Cela explique la philosophie des 14 points de Wilson qui en 1918, insiste sur " la prise en compte des revendications coloniales " (n'oublions pas que les Etats-Unis ont été eux-mêmes une colonie britannique). De manière générale, il donne la possibilité aux peuples des anciens empires vaincus de se constituer en Etats indépendants. Suite à ces 14 points vont ainsi naître une multitude d'Etats : Pologne, Hongrie, Autriche...Le mouvement se poursuit après le seconde guerre mondiale avec par exemple la création d'Israël en 1948 (Etat fondé sur une communauté de religion), et le processus de décolonisation. Sous l'impulsion du Néo-Destour pour la Tunisie, et du FLN pour l'Algérie, les deux pays, comme de nombreux autres, obtiennent leur indépendance. Le monde compte ainsi aujourd'hui 200 Etats, contre 50 en 1917.
Au départ justifié, le nationalisme va cependant créer plus de problèmes qu'il n'en résout. En effet, fonder l'Etat sur l'appartenance nationale, par exemple " limiter les frontières de la Pologne aux populations incontestablement polonaises " (Wilson), implique qu'existe une unité culturelle au sein de chaque Etat. Or la plupart des Etats-nations crées au cours du Xxème siècle sont multiculturels. Au nom des principes énoncés par Wilson, les Etats nouvellement créés vont donc pratiquer l'expulsion, voire l'extermination de leurs minorités. C'est le cas par exemple de la Turquie qui expulse 1.5 millions de Grecs en 1922. L'Allemagne nazie pousse cette logique à son comble, et, au nom de la pureté de la " race aryenne ", extermine des millions de Juifs, Tziganes... Le problème se pose aujourd'hui encore en ex-Yougoslavie. Cet ex-pays communiste est en effet composé d'une mosaïque de peuples différents par leur religion et leurs cultures, qui se sont violemment affrontées au cours des années 90. L'Inde est quant à elle minée par le parti nationaliste hindou (le BJP) qui fonde sa politique sur le rejet des religions minoritaires (musulmans en particulier). De plus, l'existence des Etats-nations est elle-même remise en cause par l'émergence de mouvements intérieurs violents, réclamant l'indépendance au nom d'une différence culturelle. C'est le cas des Basques (ETA) ou des Corses, qui n'hésitent pas à recourir à des méthode terroristes (attentats, plasticage de bâtiments publics...).
Fonder L'Etat sur la nation, entendue au sens d'un peuple partageant la même langue, la même culture, la même religion, est donc particulièrement dangereux. Ainsi compris, l'Etat-nation implique en effet une logique de fermeture, d'exclusion de toutes les minorités. De plus, ce principe comporte un risque d'éclatement des Etats en une multitude de petites entités culturellement homogènes (mais par là même plus pauvres culturellement). Pour éviter ces dérives, sans-doute faut-il penser la nation différemment, comme l'avait déjà fait Renan au XIXè. Pour lui, " l'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de la religion... " car ce qui fonde la nation, c'est avant tout une volonté commune, et non une origine commune.
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